Rentrée littéraire Libella 2021

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Le Roman de Londres - Miloš Tsernianski

Miloš Tsernianski Le Roman de Londres Traduit du serbe par Velimir PopovićPostface de Vladimir Dimitrijević

J’ai écrit ce roman à Finchley, dans la banlieue de Londres, en 1946-1947. À une époque où ma femme et moi étions très proches du suicide. »

Texte d’une modernité étourdissante et au lyrisme enivrant inspiré par l’expérience de son auteur, Le Roman de Londres suit le destin d’un couple russe exilé à Londres après la Seconde Guerre mondiale. Errant dans une ville qui les ignore, le prince Repnine et son épouse Nadia s’efforcent d’exister dans le désespoir de l’inappartenance. Dès le début se dessine la terrible voie que le prince compte emprunter pour échapper au désespoir. Cette fatalité détermine le cours de ce roman épique, rappelant la difficulté de l’homme à vivre dans la confusion de l’époque contemporaine. Livre de toutes les personnes déplacées et portrait d’une ville tentaculaire, Le Roman de Londres est aussi un roman d’amour poignant et une réflexion profonde sur le libéralisme effréné.

Miloš Tsernianski (1883-1977) fut l’un des plus importants poètes et romanciers serbes ainsi que le chef de file de l’avant-garde yougoslave. Diplomate à Berlin et à Rome au début de la Seconde Guerre mondiale, il s’exile à Londres où il réside pendant plus de deux décennies. Il y écrit ses oeuvres les plus marquantes (Migrations, Lamento pour Belgrade, Le Roman de Londres). Toute son oeuvre est marquée par une vision métaphysique de l’homme et de l’humanité.

En librairie le 14 janvier 2021 9782882506634 – 728 pages – 25

Extrait

Cet hiver-là, quand commence cette histoire, commencèrent aussi le choc de deux mondes et le choc d’un homme avec une ville immense de quatre, huit et quatorze millions d’habitants. À cet homme-là, les Anglais disaient ce dont il avait et n’avait pas besoin. Ce qui avait un sens dans la vie et ce qui n’en avait pas. Ils s’échinaient à démontrer à tous ces malheureux qu’ils ne seraient bien que lorsque leurs enfants se seraient métamorphosés en citoyens anglais de ces britanniques îles. Les yeux ronds, ces personnes déplacées regardaient alors vers le lointain où, comme à travers le brouillard, s’estompaient dans leurs larmes les visages de leurs proches tant aimés et – ils en étaient certains – qu’ils ne verraient plus. Jamais plus – nikogda.

Des visages de mères, de femmes, d’enfants.

Mais où donc existait-elle, cette vie si agréable dont on leur parlait aux cours de rééducation ? Où était ce bonheur ? Nieokontchennaïa fantazmagoria1, marmonne un homme qui, au moment de frapper avec le heurtoir quelques coups à la porte et d’appeler d’une voix sourde : « Nadia, Nadia ! », se retourne pour scruter les alentours.

C’est sur ces coups à la porte que commence, au chapitre suivant, cette histoire. Ce ne sera pas uniquement celle de cet homme, de sa femme et de leur amour, mais aussi l’histoire de ces autres Russes arrivés à Londres bien des années avant eux. Tous sont des personnes déplacées. Cette histoire englobe aussi toute cette humanité que l’on transporte au travail à Londres, chaque matin, comme des sardines dans des boîtes de conserve, et que, le soir venu, on ramène de Londres, le dos tourné à la ville. Mais cette histoire se rapporte surtout à cette ville-cité dont l’étreinte fut mortelle pour tant d’hommes et de femmes, et qui observe tout cela muettement, sphinx incommensurable qui écoute un passant après l’autre se demander : « Où est le bonheur ici ? Quel sens ont ces allées et venues, en solitaire ou en foule, pour les quatre, huit et quatorze millions qui vivent ici ? »

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